5.9.05

Les étoiles sont de retour. Chassés, les nuages. Obligés de se réfugier dans leur repaire de la rive nord, dans les replis des montagnes d'où nul ne les déloge jamais.

Vancouver est bonne pour les étoiles. Entourée de hauteurs où la ville n'a pas prise, arrêtée à l'ouest par la mer, elle tient dans un écrin de noirceur fait pour ceux qui aiment à perdre leur regard dans l'immensité. Évidemment, tout ça fait aussi augmenter le prix des terrains comme ce n'est pas permis. On ne peut pas tout avoir.

Si on a d'abord vécu à Montréal, par exemple, on est surpris en arrivant ici de connaître à ce point la nuit à partir d'une ville. On est là, sur son perron en béton, avec les ambulances qui passent et l'autobus qui chuinte, avec les gens qui jasent dans les rues en sortant d'un concert à l'amphithéâtre voisin. C'est le soir dans la ville, mais on n'a qu'à lever les yeux pour tomber dans le monde des étoiles. Les constellations sont là, apaisantes, aussi claires que si elles venaient d'être dessinées. On peut montrer aux enfants comment trouver l'étoile polaire, laisser son regard suivre le chemin de la Grande ourse ou bien se perdre dans ce paquet de soleils inconnus et passés, là-bas. De son perron, on peut faire des voeux..

C'est une bonne nuit pour les étoiles. Je sortirai tout à l'heure; le film à rapporter au club vidéo est un prétexte comme un autre. Dommage que j'en aie besoin. Je passerai comme un voleur à travers le quartier endormi, comme les bonnes soeurs disaient à ma mère que viendrait la mort. Pourquoi cette image de la vie qui doit être volée? George Harrison et William Blake, paraît-il, attendaient eux la mort en chantant et en profitant des derniers moments avec leurs proches. Ils mettaient la main sur la poignée de la porte à franchir. Les étoiles évidemment me reparlent de cette porte, elles aussi, parce que j'ai appris à me demander ce qu'il peut bien y avoir derrière ce que je vois.

Là-haut?

J'ai trouvé l'autre jour des récits sur ce qui se trouve au-delà de la mort. Ils provenaient de la tradition hindoue, où il semblerait que l'on « sait » ce qui se trouve de l'autre côté. Sur l'autre rive, pour reprendre l'image de la tradition zen. Je crois à cela, que certains humains puissent devenir assez sages ou éveillés pour apprendre, d'une façon qui m'échappe, en quoi consiste le prochain chapitre. Et ces récits étaient, comment dire, pleins d'espoir d'une certaine façon.

Au-delà des étoiles, qu'y a-t-il donc? Question inutile. Mais en attendant, pour nous tous qui devons vivre de ce côté-ci, mieux vaut profiter des moments où nous pouvons les admirer. Dehors!