30.12.05

Mon, ma, mes
vieilles charnières rouillées de la présence au monde
oppositions sous couvert d'appartenance
pièges !

ou alors il faut dire
ma pluie, mes nuages, mon éternité
et que la pluie m'appelle à son tour
son Christian

je vois ce nom
le mien
fait de lettres
et soudain apparaît la distance
le regard
ce nom paysage est déjà envolé vu du train où je file
vers maintenant

est-ce bien mon nom ?
suis-je à lui ?
« Papa » pensent plutôt les mousses
qu'à terre, faux cheval, je porte sur mon dos
quand ils ouvrent les yeux le matin
ou me voient franchir enfin la porte à six heures

comme l'arbre zen au milieu de la forêt
perd un peu de son existence de n'être connu de personne
celui dont on change le nom change aussi de nature

Christian : c'est cette chemise rose
au col élimé
qui ne quitte plus guère la garde-robe
que je ressors à l'occasion en même temps qu'un sourire
qui sera peut-être à nouveau agréable à porter
quand la toile des années se sera elle aussi assouplie

(cette chemise achetée d'occasion
dans un autre pays
est-elle donc à moi ?
le demeurera-t-elle ?)

ah, que tout ceci est lourd
comme la possessivité
que viennent, que soient là
la légèreté qui n'appartient à personne
la tranquillité, cheval au repos sans être couché
l'éveil, lumineux comme la nuit