3.1.06

Les deux guitares silencieuses, pendues au mur, me regardent de leur oeil unique. À côté, les lumières clignotent toujours au coeur du sapin de Noël qui commence à se demander ce qu'il fait là. Tous les petits trucs accrochés aux branches, boules couvertes de brillants dorés, petits personnages de bois, feuilles de carton au contour argenté, tout pend calmement, patiemment. Une autre saison des Fêtes se termine.

J'aimerai la fête des Rois, qui nous replongera à quelques jours de distance dans l'esprit festif, sans qu'on sache trop bien pourquoi. Perdus entre les histoires de bande dessinée biblique dont on ne veut plus rien savoir et l'intuition qu'il se trouve tout de même dans tout ça une étincelle unique, on continue de fêter, c'est-à-dire d'accomplir des gestes qui nous permettent de nous arrêter quelques instants et de regarder l'ordinaire de la vie d'un autre oeil. Parfois cet autre regard devient aussi ordinaire, cependant, ce qui cause problème.

En ce sens, le silence est une fête, aussi. Je sais, je sais, encore lui. Encore le silence. Problème de l'écriture qui court après sa queue? Peut-être, mais peut-être aussi fête de l'écriture qui célèbre son origine. Et puis il existe plusieurs sortes de silences. Celui d'à présent, d'un salon essoufflé dans la nuit après le tumulte de la vie d'une journée. Celui des cafés, qui bruisse des conversations anonymes des autres et qui me fait penser au silence de la forêt sous la pluie. Tous ces silences, je les aime pour le recul qu'ils permettent, pour l'espace qu'ils donnent. Comme si l'air autour de moi prenait une autre dimension, d'une authenticité plus grande.

Pourquoi dit-on que le silence est d'or, au juste? Et d'où ce dicton peut-il bien venir? (Ah, la beauté de ces mots sans signatures qui flottent sur les siècles comme une plume sur le souffle de Dieu, comme un visage de calcaire installé à cent mètres au-dessus du sol dans le pelage d'une cathédrale...) Un jour, j'ai aussi lu ceci: « Si la parole que tu vas dire n'est pas plus belle que le silence, retiens-la. » Rondeur et or du silence, comme cette boule dans mon sapin. Mon beau sapin étincelant de silence.

Je considère parfois les rêves comme la partie la plus achevée de la vie. Peut-être parce que tout s'y déroule sans qu'on ait besoin d'y dire un mot ?

Pour une guitare, malgré tout, le mieux est encore de chanter! Tout est question d'équilibre.

Buenas!