8.1.06

je suis le fil
de ma pensée
de la flamme à la lampe à cette blanche lune
impossible à trouver
de la mort à l'amour alentour, au long cours
(ah! l'amour!)
de mon verre à la terre qu'on mesure à l'équerre
qu'on veut dire ordinaire
quatre-vingt-dix degrés:
mesure incompatible avec la fibre
la substance

et toi
eau-de-vie
distillat de paradis
écorcheuse de l'esprit
splendeur sucrée du Kentucky
qu'as-tu à dire pour ta défense?

l'homme, lui, ne dit rien
montagne de l'homme
solidement installé sur la terre
debout, à genoux, et même
face contre terre
montagne inébranlable
quand elle le veut

puis, là-bas

je revois des roseaux et des portes ouvertes
des bambous
une maison qui respire, qui discute
petit nid bien mené pour une poignée d'humains
des tatamis mesurent le sol
et la fontaine raconte comment l'eau
a bien pu venir jusqu'à elle
c'est un jour tranquille d'été
un jour sans souci, comme il s'en fait de moins
en moins
un jour sans cris sans journaux tachés de sang

sourires: le vrai pain quotidien

je vois ma flamme encore, enfin
petite flamme paraffine
allumée pour l'amour dans l'infini du soir
enlumineuse d'alentours
qui concocte des ombres et les lance et les bouge
pour changer le décor
et remettre le monde
à mon échelle à moi
à cette bulle d'or égarée, prisonnière entre deux airs
loin du sol, étrangement belle
hypnotique
petite flamme, parviendrai-je à accepter la nuit
si c'est par elle que je dois retomber jusqu'au sol
moi
la montagne, le
volcan ?