30.5.06


Le mystère du soir et le confort du paysage habituel s'unissent dans la création d'un tableau à la fois ordinaire et... et quoi, au juste?

Ordinaire: la «van» du voisin d'en arrière, où il est écrit «Schindler». C'est une marque d'ascenseurs. Les fenêtres de toit posées par Serge sur le nouveau garage. Les fils électriques qui s'étirent jusqu'à la fin du monde. Les garages. Dans une ville où les terrains valent si cher, on se demande pourquoi les gens s'obstinent à gaspiller leurs cours arrière en y construisant des garages qui n'ont pas l'air de servir la moitié du temps. Les fleurs jaunes tenues à bout de bras par les lampadaires. Le poteau. J'ai du respect pour les vieux poteaux. Pas les tout neufs, verts de produits chimiques, droits comme des piquets, mais les vieux, les bruns, les gris, courbés par l'âge et les tensions.

Oultre ordinaire: le ciel. Celui-là, il voudrait l'être, ordinaire, qu'il ne le saurait pas. Soyons-en reconnaissants. Et pourtant, combien de jours passent où on pourrait se dire à soi-même, le soir venu: «Tiens, je n'ai pas levé les yeux au ciel, aujourd'hui...»? Incroyable. On se satisfait, sans même y accorder une pensée, de notre point de vue restreint. Entre cinq et six pieds du sol, droit devant. Ou penché, oui, on aime bien le regard penché vers le sol. Quand je me rends compte de ça, je suis étonné. Et déçu. Parfois, il est trop tard, je suis à l'intérieur et le jour est parti, alors je me dis tant pis, je me reprendrai demain. Mais d'autres fois, il faut que je sorte, ne serait-ce que quelques secondes, et que j'accorde au ciel l'attention qu'il mérite. Comme un livre trop longtemps négligé, on ressent soudain le besoin pressant d'aller se mettre devant pour en recevoir les rayons. Au hasard, peu importe où on arrive dans l'histoire. Quand c'est bon, il y a toujours de quoi se repaître, de quoi sourire, de quoi échapper une prière.

1 Comments:

At 22:30, Anonymous Anonyme said...

Combien de jours passaient, ma tête fonçant dans la bête noire du temps,avant que je renverse la tête,lourde sur ma nuque, et que le bleu du ciel rejoigne ma mémoire.

 

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