26.5.06

En marchant dans les rues de ma ville sur l'eau,
Je lisais aujourd'hui les leçons de Boileau,
Déclamant au trottoir les conseils du poète,
Étonnant au passage une femme: elle s'arrête.
J'arpentais donc ainsi la troisième avenue,
semant des mots en langue ici presque inconnue,
lorsque je suis tombé sur ces vers familiers
dont j'avais cependant le premier oublié:
« Hâtez-vous lentement, et, sans perdre courage,
Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage. »
Outre que la maxime me semblait sereine,
J'y retrouvais, surpris, un enseignement zen!
Et me revoilà donc, en pensée, en sesshin,
Dans un kimono noir comme l'encre de Chine.
« Dépêchez-vous », nous dit le godo bienveillant,
Ajoutant à ces mots un dernier: « lentement ».
Ce midi donc, après mon potage Saint-Cloud,
Je vivais le mystère d'entre chien et loup,
Quand le ciel d'Occident penche vers l'Orient,
Que poète en perruque et sensei souriant
Se rencontrent par-delà la mer et le temps
pour que brille à nouveau un bijou éclatant.