17.5.06

Je regrette de ne pas avoir de photo pour illustrer aujourd'hui. Car aujourd'hui était une belle journée. Une journée de luxe, à marcher dans les rues verdoyantes de Kitsilano, à manger avec les copains au restaurant devant une mer pleine de l'or du couchant, à me faire fêter pour une troisième fois avec des chansons, des présences et des gâteaux magnifiques, à goûter enfin le ciel de velours de la nuit tombée, où une collection d'épingles d'argent de toujours rendaient Birks inutile.

Mais en fait, je voulais ce soir parler du passé, qui est si fécond. Moins que l'avenir ou le présent, certainement, mais riche d'un humus particulier. C'est que tout à l'heure, en rentrant à vélo, je suis passé devant un bistro qui se voulait chic et moderne, et ça m'a rappelé une soirée bien particulière d'il y a plus de dix ans. Je me trouvais à Paris, imaginez-vous, et j'étais seul. Oh, j'avais bien rencontré la jeune et jolie Daniela, fille au pair autrichienne avec qui j'avais échangé quelques baisers et une promenade le long de la Seine, mais je me retrouvais seul en bout de ligne, puisqu'il devait en être ainsi. Alors j'étais entré dans un bistro prendre un alcool. Et pour le gars nourri d'images littéraires que j'étais, prendre un alcool dans un bistro parisien, c'était quelque chose, c'était déjà presque avoir écrit un premier chapitre, quoi! Mais: seul. Et que vaut Paris, que vaut toute ville quand on n'a plus le goût d'y perdre ses pas, quand on se fout enfin du nom intrigant de la prochaine rue? Ma boisson était devenue amère, et elle m'avait coûté cher. Je l'avais bue en regardant les gens autour, attardé et inutile, et puis j'étais sorti pour me rendre lentement à l'appartement où je logeais. Et ce soir-là, les rues me paraissaient plates, j'attendais le feu vert comme à Montréal, les trottoirs redevenaient des formes longues en béton rainuré et les immeubles, des endroits où des gens dormaient. Tout autour de moi était ordinaire.

Alors en l'honneur de cette soirée rendue insipide par la solitude, j'aimerais rendre hommage à l'amitié, au compagnonnage, à l'amour, à tout moment de société où l'on se côtoie pour partager le temps qui passe. C'est le plus beau des gâteaux.