12.5.06

Ce soir, j'écoute les Vêpres de Rachmaninov. J'ai l'impression d'être en hiver. En fait, je m'imagine un Noël idéal de nuit, de vent, de froid et de musique. De dévotion aussi, oui, et d'humilité devant la puissance et la profondeur du ciel noir, de ce noir particulier du ciel qui n'est pas vraiment noir mais quelque chose de sombre et réjouissant à la fois...

Ce soir, un autre cycle prend fin, ou recommence, pour moi, et j'aime que ce soit en musique et en écriture. Je suis chanceux: la petite boîte noire, posée sur une tablette, décode l'enregistrement et me redonne ces voix imaginées par Rachmaninov, portées à travers les ans par des chanteurs dévoués, des orfèvres de vent: que pourrait-il y avoir de mieux? Et puis je consigne cela en toutes lettres, porté par des voiles sonores et russes sur une mer énergique, puis douce, puis vibrante.

Ce soir encore je dispose d'armes faibles mais franches, faites à ma mesure. J'avance à petits pas; je hume. La saveur du temps me passionne: maintenant! J'ai des doigts -- et même si je n'en avais pas... Les mots ne doivent pas être écrits pour exister.

Je suis entouré de portes.

Ce soir je vous salue et vous dis merci, comme à moi, comme à ceux qui espèrent dans la paix. L'espoir, de toute manière, se prête mal à autre chose. Je conçois des visages caressés par le temps, ô les dunes que vous et moi portons en guise d'identité. Je me penche vers le fond de certain puits pour entendre un chant humble, incertain, mais qui veut inventer le courage. J'ai beaucoup de respect pour cela.

Ce soir... ah! Ce soir!