6.5.06

«J'eusse aimé vivre auprès d'une jeune géante
Comme aux pieds d'une reine un chat voluptueux»

Ce soir, c'est aux couleurs du ciel et à la masse des montagnes que je confie mon âme fatiguée. Couleurs changeantes, déjà sombres, du ciel qui s'en va. Il y a quelques minutes à peine encore vibrant comme un vieux joyau; à présent fade et sans profondeur, couleur de l'entre-deux. Mais néanmoins là, sans cesse là.

Contour des montagnes, profil noir comme l'incarnation de la nuit. Dans cette création, dans cette émergence du mystère, je trouve le temps qui nourrira mon repos. Ces reliefs composés des mémoires du monde viennent m'offrir le calme. Et je le prends, trop content d'oublier un moment la vitesse et les horreurs du monde. L'apparente impuissance.

Ah, comme ces présences sont reposantes, puisqu'elles nous parlent d'autres âges que le nôtre. C'est pourquoi même une tortue, cette petite montagne qui marche, nous fait du bien. Regardez-nous de vos regards anciens, que nous y voyions ce qui en nous est futile. Que nous le laissions derrière comme une vieille peau. Ah, muer, muer au pieds des montagnes et offrir en hommage l'enveloppe séchée, le restant d'un autre âge prêt à servir d'engrais.

La toute dernière lueur du jour a sombré.

«Dormir nonchalamment à l'ombre de ses seins,
Comme un hameau paisible au pied d'une montagne.»

2 Comments:

At 19:39, Anonymous Anonyme said...

Christian, c'est beau comme du Bach!

Merci. À demain.

 
At 23:15, Anonymous Anonyme said...

O ui c'est tres beau ... merci :)

 

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