1.5.06


Renaud aime bien lire des bandes dessinées. Je suis moi-même un grand fan, et ma «collèque de BD», comme disait l'autre Renaud, est pas mal, bien que peu consistante. Alors Renaud va fouiner là-dedans de temps à autre. Il aime bien des trucs plutôt abjects, comme La planète des Mics, mais il savoure aussi de bons trucs. Il a découvert Astérix, surtout, et Gaston, et Tintin. Ce soir, il se lançait dans Les petits hommes, que je n'ai jamais vraiment tripé sur (hum!), mais bon.

Mais je voulais en venir à l'autre jour. il se cherchait quelque chose de nouveau. Alors je lui suggère: Hé mec, essaye ça! Ça, c'était tout simplement Le nid des marsupilamis, un bon vieux Spirou du temps de Franquin. Et moi de lui sortit le livre et de le feuilleter quelques instants avant de le lui remettre.

C'est là que j'ai poussé un soupir.

Je trouvais ça fantastique, que Renaud découvre ce livre. Ça me faisait remonter à toutes ces découvertes merveilleuses que j'ai faites au monde de la BD, à son âge et après, et que je continue de faire, d'ailleurs. Mais à cette époque, ce qui était génial, c'est quand on allait chez des cousins demi-connus, ou chez des amis des adultes, par exemple, et que chez ces gens-là, il y avait de nouveaux livres, des trucs carrément inconnus. Parce que ce qu'ona vait chez nous, je l'avais lu des dizaines de fois, ça commençait à être un terrain connu (le temps seul me permettrait d'y voir de nouvelles choses). Et je me souviens d'avoir découvert quelques Spirous de cette façon-là. C'étaient des livres magiques parce que je n'en connaissait l'existence que grâce aux petites images qui se trouvaient au dos des quelques albums que je possédais, ou encore par un simple nom dans une liste. Et voici qu'il existait vraiment, ce livre, avec ses quarante-huit pages, ses couleurs, ses personnages.

Et j'aime le monde de Franquin, emblématique de cette BD des années 50-60. Ce shistoires faites pour les jeunes, simplement, mais avec qualité. J'aime les voitures démentes qu'il dessine, et les maisons modernes avec des murs entièrement vitrés, les gueules des truands et leurs noms: «la Murène». J'aime aussi Seccotine, pour son nom, sa jupe et ses chaussettes. Et je préfère de loin Fantasio à Spirou, et probablement Spip aux deux. Mais ils font tous bien dans le décor, ils se complètent admirablement, même encore mieux quand on ajoute les autres incontournables, Champignac, etc. Que d'invention, que de foisonnement!! Et puis j'aimais aussi, à l'époque, ce petit quelque chose qu'alors je ne savais définir, mais qu'aujourd'hui j'appellerais le regard européen. Ou plus simplement le fait que tout ce qu'on voyait là-dedans venait d'ailleurs, ça se sentait, c'était intrigant jusque dans les panneaux de circulation qui se trouvaient le long des rues, ou dans les foires magiques et mystérieuses qui s'arrêtaient près des bourgs, et qui promettaient avec quasi certitude une ouverture sur un monde tout autre que celui de la réalité ordinairement acceptée.

Les années 50 et même 60 se font de plus en plus loin, mais je suis content que Renaud trouve encore du plaisir dans des trucs de cette époque. Ça voudra peut-être dire quelque chose d'autre pour lui, mais de le voir, accroupi dans son lit devant ces livres, de l'imaginer découvrant cette dimension du monde de la BD, c'est fantastique.

1 Comments:

At 18:28, Anonymous Anonyme said...

Christian,
Agréable retour sur mon passé à l'occasion de ce billet. J'ai découvert la bd en même temps que mes fils il y a une vingtaine d'années. D'accord avec vous pour préférer Fantasio à Spirou et Seccotine à ces deux gentils énergumènes. Mais tout à l'heure, bientôt, quand arrivera le Marsupilami, là! Là! Je me réjouis à imaginer le plaisir des enfants qui découvrent ces personnages et ces images maintenant.
À demain.

 

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