25.4.06

La chaleur est un bien étrange, qui nous rentre dans le corps d'un coup. À vélo, les jambes sont nues soudain, étonnées de connaître le vent. Les yeux, éblouis par le soleil du matin, se reposent le soir, émerveillés par le ciel rose et les montagnes en ombres chinoises bleu-vert. Et près de l'eau, on capte les odeurs de goudron qui montent des piliers réchauffés. Soudain le monde est ouvert, la maison semble minuscule, comme à la petite chèvre (encore elle!) le pré un matin insignifiant.

Cette chaleur me fait penser à Grenade que je verrai peut-être un jour. Allées de pierres blondes et rouges, jardins secs et odorants, jeux d'une eau précieuse, célébrée, et présence de l'histoire dans l'air comme une odeur riche, presque faisandée. Collines à gravir lentement en imaginant la mer, quelque part par là, trop loin mais néanmoins présente, dissoute dans l'air. Richesse de l'ombre que l'on veut caverneuse ou fine comme la dentelle selon l'heure du jour. Apprendre le temps de Grenade.

Je pourrais penser à bien d'autres villes, mais c'est elle qui me parlait aujourd'hui dans le ciel infini, dans le souffle déjà chaud, c'est elle qui m'invitait, qui me disait si jamais tes pas te conduisent par là, n'oublie pas, n'oublie pas...

Je n'oublierai pas !

À présent le jour voyage ailleurs. Il est temps pour moi de faire pareil. Bientôt, cependant, je pourrai m'installer sur le balcon d'en arrière pour écrire mes quelques mots du soir. Je vous conterai alors les personnages qui se trouvent dans les montagnes, anciens et reposants. Des personnages qui n'ont même jamais su que Grenade existait, mais qui connaissent bien d'autres choses. Je tenterai des les écouter assez fort pour pouvoir vous rechuchoter leurs mots. À demain.

2 Comments:

At 14:10, Anonymous Anonyme said...

Je suis revenue, la nécessité m'attendait dès le pas de la porte franchi. Je suis repartie mille fois. Fragilisée, aujourd'hui, ce goût incessant me fait me crier:"Je me sauverai très loin, personne ne saura où m'atteindre, je ne reviendrai plus." Maintenant je porte le licou de ma nécessité

 
At 14:16, Anonymous Anonyme said...

Combien de fois ai-je voulu "...partir sans avertissement. Comme sur un coup de tête. ....sortir en laissant la porte ouverte. Ne pas (me) retourner"? Combien ai-je traînassé au retour, assise sur les gazons mon petit calepin couvert d'une écriture sur les genoux! Ne plus jamais rentrer.

 

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