16.4.06

Quatre petits corps prisonniers du sommeil.

Je les ai trouvés en montant à l'étage des chambres. Ce soir, exceptionnellement, je n'étais pas allé border les enfants, écrasé devant la télé que j'étais, à regarder l'excellent A Fish Called Wanda et à laisser Céline s'occuper de ce dernier devoir. J'étais crevé, aussi, d'avoir été marcher dans la forêt avec Marguerite et Jeanne. Il pleuvait, nous étions allés trop loin, les filles étaient fatiguées et trempées, le sentier montait, truffé de racines glissantes... Elles devaient être claquées elles aussi. Reste qu'à la fin du film, quelque chose manquait à ma routine, alors je suis monté faire la tournée.

Au deuxième étage du lit fait par mon grand-père, Renaud était couché sur le côté, les mains repliées sous sa joue et son épaule. J'ai placé mes mains à moi sur son front et son épaule, l'écoutant respirer, caressant ses cheveux, avec ce doux sentiment d'être celui qui veille sur l'autre. Il grandit, et ces moments se font plus rares. Il était beau et tranquille.

Marguerite et Jeanne dorment toujours ensemble la fin de semaine. Image de leur relation faite d'une grande proximité, de beaucoup d'amour mais aussi de friction. L'une faisait face à la pièce, l'autre au mur. Marguerite s'est retournée quand je l'ai embrassée, ennuyée peut-être par une mouche imaginaire.

Benoît s'était comme toujours désabrié, alors j'ai replacé sur lui ses couvertures, suis allé chercher une suce que j'ai placée près de son visage pour qu'en cas de réveil il puisse trouver cet accessoire essentiel et se rendormir. J'ai décollé sa tête des barreaux du lit pour qu'il soit plus confortable.

Tous ces gestes quotidiens en viennent parfois à prendre des airs de tâches, comme il faut aussi faire la vaisselle et passer l'aspirateur. C'est le danger qu'apporte la répétition. Alors, quand on a la chance de décaler un peu les gestes pour leur faire prendre un éclairage nouveau, c'est une bonne chose.

C'est toute une richesse, que de veiller sur le sommeil de quelqu'un.