10.4.06

Craquement du gravier
une voiture arrive
puis le silence

les enfants retournent leurs petits corps
dans leurs lits
reniflent un grand coup
soupirent
on attend le sommeil

dans le salon aux stores clos
mes horizons se sont réduits
un lampadaire me sert d'étoile
là-bas
dans le seul éclat de fenêtre
encore ouvert

le grand miroir ne reflète plus rien
sa journée à lui
est terminée
et les plantes bientôt se replieront
sur le souvenir du soleil

tout se referme
les disques sur leur musique
les livres sur leurs histoires
ma bouche sur mes mots
le monde a besoin de repos

la lampe fait un cercle au plafond
labyrinthe sans cloisons
de lumière et de plâtre
et je ne la vois pas
mais la poussière est là
citoyenne de la nuit
qui descend tout conquérir

et tout cela est bien
il ne manque que les peurs d'autrefois
qui, à bien y penser
ne sont peut-être pas bien loin
elles naissent avec la nuit
comme la rosée avec l'aurore
et elles aussi, certainement
viennent imprégner quelque matière
pour l'aider à se soutenir jusqu'à
demain
il y a tant de choses qu'on ne comprend pas
comme les possibilités que renferme
un piano

parfois
la nuit devient un instrument
mais qui peut dire savoir en jouer?