5.4.06


Ça y est, vraiment, les plantes ont ouvert les mains. Ce matin, sur la rue Penticton, les branches des grands maronniers n'étaient plus nues, mais avaient pris un duvet de verdure, jeunes adolescentes offertes au soleil. Les pétales roses des cerisiers partout jonchent les trottoirs, d'autres sans nombre demeurent aux branches et en font des objets quelque part entre froufrous et barbe à papa. D'autres arbres aux fleurs vert pâle les côtoient, attendent leur tour. Lourdes, lourdes, les fleurs des magnolias se défont et leurs pétales un à la fois s'abandonnent. Ailleurs, de petits arbres aux fleurs blanches jaillissent du sol ou d'une haie, lancent un éclair de beauté aveuglante dans l'ordinaire du jour.

Mais cette rose date de l'année passée; cette photo est son souvenir.

Comme nous aimons les fleurs, leur instantanéité! Céline a aussi acheté quatre tulipes, qui se trouvent dans un vase devant moi. Nous réservons des territoires incroyables à la culture des ces belles de jour, dépensons des sommes folles à les faire changer de mains, à arranger leur présence sur telle table de chevet, dans telle cuisine, contre tel coeur. Nous dépensons une énergie précieuse à les réchauffer pour qu'elles naissent en toute saison. Nous les faisons venir de l'Uruguay s'il le faut pour gagner leur parfum quelques heures. Nous avons besoin d'elles. Évidemment, notre vie dépend littéralement des fleurs, aussi. Leur présence partout est un gage de notre survie. Surtout, ne pas les prendre à la légère, ni pour acquises! C'est pourquoi nos jardins sont de nouveaux temples.

Présence des fleurs... Il y a là une qualité d'être à laquelle le plus souvent nous ne pouvons qu'espérer parvenir. Et pourtant nous aussi sommes beaux et belles, présents, ouverts. Mais pas aussi simples, pas aussi francs. Sans défense.

Humilité des fleurs...