3.5.06

Aujourd'hui, j'aurais aimé voler. Le ciel était d'un beau bleu laiteux, et l'air était frais, plein d'énergie. Les corneilles le savaient, qui faisaient des pirouettes, près de False Creek, à cet endroit devenu un gigantesque chantier. J'aurais survolé la ville et compté les grues, puis je serais parti à la recherche des aigles.

C'était un jour où les oiseaux oublient de manger, et j'aurais fait comme eux, poussant ma chance jusqu'à la mer pour la voir vibrante et lumineuse comme un ruisseau descendant la montagne. Ah, voler dans le ciel bleu et descendre assez bas pour écouter le murmure de la forêt, se laisser porter au gré du vent. Les oiseaux, parfois, volent-ils les yeux fermés? C'est ce que j'aurais fait, moi, histoire de mieux sentir l'air me dépouiller de mes vêtements. Alors, tout nu au-dessus du monde, j'aurais gelé comme une crotte mais j'aurais été libre comme jamais... et puis je serais descendu me reposer sur les genoux des montagnes, comme le chat voluptueux.

Est-ce qu'il leur arrive, aux oiseaux, de n'avoir plus aucune notion d'où ils se trouvent? C'est ce qui me serait arrivé, à moi, et je ne m'en serais pas porté plus mal.