8.5.06


Ah! Plaisirs des grandes surfaces... Et de leurs produits sans nom! Je n'aime pas vraiment ce détaillant, mais il réussit quand même à m'attirer (pas avec des choses aussi insipides que de la margarine sans nom, cependant). Et à me faire revenir. Autrefois, la «concurrence» était féroce: SPUD, mon petit marchand de produits bio, régnait en maître dans mes intentions de vote. Car il paraît qu'on vote avec nos dollars. Ce n'était pas loin, ils offraient les fruits et légumes qui restaient de leur commerce principal, qui est la livraison à domicile, donc le prix était fantastique, et ils offraient un rabais de 10% par-dessus le marché aux clients qui venaient à vélo. Inutile de dire que toutes les fins de semaine que le bon Dieu faisait, je me retrouvais là-bas, souvent avec toute la famille à vélo, pour aller faire l'épicerie. Oh, on ne trouvait pas tout, mais la base y était, et on n'avait qu'une petite pièce de 400 pieds carrés environ à arpenter. Le gars à la caisse était sympathique, il venait de Montréal, alors on parlait français un petit moment, c'était agréable, on se revoyait toutes les semaines. Mais SPUD a fermé son petit marché.

Chez «Grosse Boîte Grise», comme Marguerite a baptisé ma grande surface de prédilection, il doit bien y avoir 100 000 pieds carrés à parcourir. Une expédition à chaque fois. Mais il se sont mis à offrir des produits bio, il y a beaucoup de trucs faits au Canada, et les prix, évidemment, sont bons. Sauf que c'est gros, c'est une boîte, et c'est gris. Zéro atmosphère. Tout à l'heure, leur radio en magasin passait quand même «Stepping Out» de Joe Jackson. Ça m'a presque fait plaisir, c'est une chanson que j'adore... mais je me suis dit qu'ils la passaient fort probablement dans le but d'évoquer quelque chose chez leur public-cible, dont je fais certainement partie, et non pour le seul plaisir de la bonne musique. La trame sonore de mon dimanche en fin d'après-midi, j'en suis sûr, n'a pas été assemblée par un amateur de musique mais par un marketeur qui a facturé ses services -- un spécialiste de la musique en tant que déclencheur d'émotions chez les publics-cibles. La question se résume donc à supporter un environnement oppressif pour profiter de quelques avantages. Dommage d'en arriver là, tout de même. Pour économiser de l'argent et pour avoir le loisir de tout trouver ce dont j'ai besoin (en gros) au même endroit, j'ai le sentiment d'avoir descendu une marche dans le profitage de la vie. C'est vrai, quoi: faire son marché, c'est tellement génial, quand on a accès à un bon endroit... Les odeurs, les couleurs, les sons... Mais pas chez Grosse Boîte Grise. Alors, c'est quoi, la prochaine étape? Me mettrai-je à acheter de la margarine de marque «sans nom»? Je ne vois pas encore l'avantage, mais je ne me voyais pas autrefois dans les grandes surfaces, non plus! Si j'en viens à ça, que quelqu'un m'avertisse!