15.5.06


C'est une des maisons que je préfère, dans le coin. Elle est vieille, plutôt mal entretenue, avec des planches de la galerie qui pendent, et des bardeaux de revêtement qui manquent. Parfois, la porte de devant est entrouverte, et il n'y a alors que la vieille porte moustiquaire qui empêche de voir à l'intérieur. Ça, et l'atmosphère sombre qui semble toujours régner là. Mais j'aime cette maison authentique, qui provient d'une époque où rien n'était fait en plastique. Ça semble dificile à croire, parfois. Avant les fenêtres d'aluminium, aussi. Tout est en bois, et comme les propriétaires ne veulent pas ou ne peuvent pas la repeindre, la maison a l'air d'être plus vieille encore qu'elle ne l'est vraiment. Ailleurs, dans le quartier, les belles demeures de cette époque sont repeintes, rénovées, enjolivées. On leur refait une beauté à coup de couleurs vives, de fenêtres neuves, d'étages ajoutés. Mais quand je passe sur Cambridge et que je vois ma belle vieille maison, j'aime à croire qu'ici, autrefois, c'était un quartier d'honnêtes travailleurs. Pas qu'on ne le soit plus aujourd'hui, honnêtes et travailleurs, mais c'est que de plus en plus, il faut être «investisseur» pour pouvoir se payer sa propre demeure. Et là, on commence à jouer la «game» d'une autre façon. Plus compliqué. Dans cette maison, la simplicité l'emporte. Jusqu'à ce qu'elle devienne à vendre.

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Ah, la nuit est tranquille comme le baume sur une plaie
envoûtante, elle nous aide à retrouver la longueur
et le temps sans horloge
j'aimerais parfois revenir aux anciennes mesures:
vêpres, tierce, sexte
à un rythme qui laisserait le temps de penser
mais aujourd'hui l'heure est partout
et ça m'ennuie
parce que ça me donne l'air d'un vieux grincheux
qui aime les maisons vieilles et les horloges à cadran
les moulins à café à la main
et la nuit
la nuit qui fait peur parce qu'on ne sait plus
l'heure qu'il est