19.5.06


Image d'un autre Vancouver. Voici enfin les quartiers ouvriers, tout près de la «track», les vieilles maisons en planches de bois, l'horizon nul agrémenté seulement par la verticalité des poteaux électriques. Oui, ce Vancouver existe aussi. Et ça fait du bien de le connaître et d'y marcher ou d'y passer à vélo, car par les journées grises il y règne une atmosphère de normalité et d'ordinaire qui réconforte. Les ruelles en garnotte craquèlent sous les roues et les pas, les élèves et les ouvriers passent par les rues pour se rendre à leurs occupations. Ce n'est pas un coin où on veut s'éterniser, mais il n'y a pas de raison d'y avoir peur non plus. Et puis près d'une voie ferrée, il y a toujours un vent de liberté qui flotte. Évidemment, quand on habite là ça doit être autre chose... Mais tout de même: devant ces petits logements vieillots, il y a de beaux parterres de fleurs et d'arbustes. Et les mûriers sont là qui envahissent tout; dans quelques semaines, ici comme ailleurs, l'air sera sucré de l'odeur de leurs fruits. Ici, c'est le domaine des quartiers encore tranquilles et des petites shoppes anonymes. Le peuple des grues n'a pas encore colonisé cette partie de la ville, et c'est en bout de ligne ce qui le rend intéressant. Malgré un laisser-aller certain -- qui ne va pas jusqu'à l'abandon, tout de même -- il y a ici une vie de quartier qui, bien qu'elle soit prise entre un grand boulevard et une voie ferrée, tente de se faire intéressante. Oh, certains semblent ne pas y croire, mais plusieurs des habitants, à en voir leurs petites maisons, veulent se composer un joli petit bout de ville avec les moyens du bord. Après tout, il ne suffit souvent que d'un peu d'imagination pour que, comme les enfants, on se retrouve maître d'une richesse insoupçonnée pour ceux qui ne prennent pas le temps de bien regarder.