9.7.06

Je porte en moi une fatigue d'une espèce rare. Un fatigue qu'on pourrait mettre au zoo.

Je suis revenu.

Hier matin, deux taxis sont venus nous prendre à sept heures. Nous avions très peu et mal dormi, et le jour s'était levé dans l'énervement. En vitesse, nous avons grimpé le pont Granville, puis continué sur la rue du même nom, le long de haies très hautes et de maisons cossues. Nous sommes vite arrivés à l'aéroport. Tout est allé si vite. Pas le temps d'être ému.

Avant hier, c'était autre chose. Il s'agissait de faire la tournée des gens au bureau, de donner des embrassades ou des poignées de mains à tout le monde (chez les anglais, on ne fait pas la bise, ce qui fait qu'on se retrouve parfois collé sur une poitrine, entre les bras de quelqu'un dont on ne se sent pas vraiment proche; d'autres fois par contre, on trouve ça bien parce qu'une bise n'aurait pas été assez mais que notre habitude à biser nous aurait retenu de se lancer dans une embrassade). C'est une chose ardue, que de dire un long au-revoir à une bonne quarantaine de personnes. Et malgré tous les bons mots, malgré tous les encouragements, malgré que je connaisse les raisons d'un départ que j'avais par ailleurs moi-même provoqué, c'était dur. Je suis comme ça: sensible. Alors à la fin je ne parvenais plus à retenir mes larmes, parce qu'évidemment j'avais gardé les plus près de mon coeur pour la fin: comment aurait-il pu en être autrement? Et j'ai marché une dernière fois, seul et les yeux pleins d'eau, le trajet que l'on fait quand on sort de la job, ce trajet même que la plupart du temps on est si heureux d'entreprendre.

De sorte que bien des choses ont pris fin ce vendredi 7 juillet 2006. Ou se sont transformées, voyons-le un moment comme ça. Mais j'ai quitté un pays des nuages.

L'autre, j'espère le porter à jamais en moi.

Il est difficile de revenir aux choses connues. Même s'il s'agit de choses belles, comme l'amour, l'appartenance, la compréhension. L'amitié. J'ai besoin de temps.

Parlant de temps, j'ai commencé ce blogue avec l'objectif d'écrire un an. Cela mènerait au premier septembre prochain. Mais j'avoue que je ne sais plus trop. Car l'un des autres objectifs était de faire une sorte de journal de ma dernière année vancouvéroise, qui est à présent terminée. Il me faut quelques jours pour y penser. Si vous lisez ceci, écrivez-moi un mot, comme une carte postale, ça me ferait plaisir... J'ai l'impression de n'être pas encore tout à fait arrivé à destination, de sorte que je me sens nulle part. Envoyez-moi une carte vers nulle part...

4 Comments:

At 07:45, Anonymous Anonyme said...

La difficulté des retours : la fragilité, le désenchantement, l'incompréhension de ce que l'on croyait familier, font également partie du voyage. Il y a jusqu'en septembre l'exposition des oeuvres de Emily Carr au Musée des B.A. pour vous souvenir du ciel qui a gardé vos traces. Permettez-nous de lire cette partie de votre voyage. Partagez avec nous vos ciels d'ici.

 
At 11:58, Anonymous Anonyme said...

Je ne sais qu'écrire, je sais seulement vous lire, les larmes aux yeux.
À l'instar de Marc, je vous demande de permettre et de partager

 
At 12:49, Anonymous Anonyme said...

Une carte postale vers nulle part... quelle drôle d'idée ! D'habitude, on écrit une carte postale de quelque part de spécial, plutôt...
Les départs, les séparations... notre vie est faite de ruptures et de nouveaux départs. C'est douloureux, de quitter, mais il faut voir la suite comme une nouvelle chance d'aller vers quelque chose de fantastique ! à nous faire partager grâce au blog ! C'est tout ce que je vous souhaite, et bon courage. ;-)

 
At 21:01, Anonymous Anonyme said...

Les quelques voyages que j'ai faits ont tous pris leurs sens dans le retour.
Le retour, c'est la digestion d'un fruit succulent.
T'ai-je déjà parlé du Brésil????
Jérôme

 

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