1.7.06

J’ai pris le 4 pour la dernière fois tout à l’heure. Céline et les enfants étaient repartis vers l’hôtel, et je devais rester à l’appartement pour faire le dernier ménage. Et après trois heures à laver les armoires, les planchers et les comptoirs, je laissais derrière moi la maison vide et propre pour aller prendre l’autobus, coin McGill et Renfrew.

Ce fut un drôle de voyage. L’autobus était sombre, comme quand on voyage entre deux villes. Il était aussi plein de jeunes qui sortaient en ville. Plusieurs conversaient avec leur téléphone cellulaire, consultant l’écran illuminé pour savoir quelque chose. D’autres s’en servaient aussi pour parler («je suis rendu à tel coin de rue, je vais être là dans dix minutes»). Devant moi, un gars et une fille d’environ 20 ans passaient leur temps à s’embrasser. Ils étaient très beaux à voir, mais sont devenus lassants tellement ils en mettaient. Et le plus étrange, c’est qu’après une quinzaine de minutes de bouche à bouche quasi incessant, le gars est sorti presque sans avertissement et a laissé la fille là, seule.

Juste à côté de ces deux-là, une autre fille vraiment étrange. Elle avait la tête penchée vers l’avant, mais très loin, à un angle de 90 degrés par rapport à son dos. Sur sa tête, des cheveux courts et clairsemés, comme s’ils repoussaient après un traitement de chimio, ou si au contraire ils étaient en train de tomber. On voyait très bien le fond de sa tête à plusieurs endroits. Mais son visage, je ne le voyais pas, puisqu’elle était penchée vers l’avant, la tête tournée vers sa droite. Et pendant les quinze minutes où elle se trouvait devant moi, elle avait une main sur sa tête et s’arrachait des cheveux, ou grattait une gale, ou quelque chose. Elle avait l’air de tirer sur le peu de cheveux qui lui restaient, dans un geste compulsif qu’elle n’a cessé de faire qu’au moment où l’autobus approchait de son arrêt. Alors, elle a enelvé sa main de sa tête, a pris par terre, sous le banc, le transfert qu’elle avait apparemment déposé là, et puis est descendue rapidement de l’autobus.

Moi, je continuais vers le centre-ville. Je suis descendu plus loin, ai traversé le centre-ville à pied. J’ai fait un arrêt dans un magasin d’alcool ridicule pour acheter une bière; la musique y était tellement forte et agressante que je n’avais que le goût de ressortir; vraiment pas accueillants à mon goût, le gars et la fille qui tenaient le comptoir. Retour à l’hôtel, un bout de Italie-Ukraine, et me voilà. Demain, un dernier petit tour à l’appartement pour récupérer mon dépôt, et puis c’en sera vraiment fini de la rue Eton...