23.6.06

Je m'ennuierai de ce grand chêne. Quoi de plus solide qu'un chêne?

Ah, je me sens exactement comme ces dimanche après-midi où l'on assiste à un départ. On a reçu des amis chez soi, on a peut-être passé la fin de semaine avec eux, et voilà que le temps de partir est venu. On s'embrasse distraitement, on se serre la main sans émotion; on est déjà ailleurs. Ceux qui partent, en tout cas. Mais quand on est celui qui reste, on se retrouve soudain avec une maison silencieuse, un après-midi qui ne sert plus à rien (je sais, c'est affreux de dire ça) et le temps devenu lourd.

Je trouve difficile de mettre fin à quelque chose. Il ne nous reste plus que quelques jours à Vancouver, et je vois à présent le jour à travers les dernières pages de ce livre (finir un livre, c'est parfois la chose la plus triste qui soit). Je sais que je suis sur le bon chemin, mais la nostalgie m'envahit, me submerge quand même comme la marée.

Je me demande si c'est ainsi qu'on se sent quand la mort approche.

Le premier mars deux mille trois, nous nous trouvions dans l'avion qui survolait le paysage en descendant vers l'aéroport. Je regardais mes enfants et j'avais les yeux pleins d'eau, me demandant dans quelle galère j'avais embarqué ma famille. Ce fut bien sûr une belle galère. Mais tout de même, ces déménagements resserrent le coeur. Tant d'adieux à dire, et c'est si dur de dire des adieux. Tant de choses quotidiennes qui d'un coup passent à l'état de souvenir. Et dans le panier à souvenirs, ça se tasse, ça s'empile, ça s'alourdit...

Les arbres ont-ils fait le bon choix, en décidant de ne jamais changer de place? Ils nous complètent bien, en tout cas. Heureusement que nous les avons.