13.6.06

Je me serais levé --
laissé derrière,
le confort supposé de la chaise
abandonnée,
la lueur trompeuse de l'écran

une à une
lentement
j'aurais descendu les marches
en béton
vers la sortie de secours

la pensée me serait venue:
que vont-ils penser?
et puis
distrait par le ciel clair
le son d'une voiture qui passe
le vent qui traverse le stationnement
j'aurais tout oublié

je me serais mis à marcher
pour aller, pour aller

sentir le goudron des piles du quai
les odeurs des épiceries sur Keefer
marcher dans le gazon sale du quartier chinois
aller vers l'est
dans la quiétude des rues d'après-midi
et puis prendre les enfants à l'école
ou continuer jusqu'à ce que le ciel devienne mauve
quand la ville se magritte d'ombres inversées
et que personne
n'attend plus rien des autres


mais je suis resté assis
pris
dans une gravité que rien
surtout pas les mots
n'arrive à crever