5.6.06

Nous sommes tous des palimpsestes.

Dans on livre The Sacred Balance, David Suzuki raconte de façon éloquente comment nous sommes tous faits de particules sans âge. Il dit que nous qui marchons aujourd'hui sur la terre, nous sommes littéralement composés de la même matière qui a fait avant nous d'autres hommes, mais aussi des plantes, des roches, de l'eau, de l'air, etc. À la limite, le Cantique de frère soleil de saint François pourrait être pris au sens propre: nous sommes liés à la lune, au soleil (et même à «soeur notre mort corporelle»?). Tous ces petits morceaux d'existence qui se sont rassemblés pour nous aider à exister, toutes ces particules sont ce que nous pouvons imaginer de plus près de l'éternité. Alors, nous portons en nous toute l'histoire de la terre. Nous sommes peut-être un peu cet ours qui n'en était pas encore tout à fait un, il y a très longtemps, et lui est nous. Nous sommes un morceau d'une forêt éloignée: si seulement nous pouvions savoir laquelle! Nous avons en nous le souvenir d'autres êtres illustres et inconnus, qui ont marché le chemin avant nous. Et l'air que nous respirons, c'est le même qui a nourri Beethoven, les générations d'humains qui ont les premiers connu et nommé les beautés de la terre, et les grands troupeaux de bisons qui régnaient autrefois sur la prairie sans horizon.

Nous devons avoir en nous, quelque part, les restants de toutes ces histoires dont nous sommes faits. Mais comme nous n'en avons qu'un petit morceau de chacune, il faut peut-être, pour y avoir accès, faire silence et écouter bien fort, ou alors se rassembler pour pouvoir si possible réunir nos parties du conte. Mais il faut d'abord savoir que nous portons cette richesse.

En fait, il suffit peut-être d'apprendre à lire à nouveau, dans ce langage sans mots. Et qui sait, alors, ce que nous découvririons?