16.6.06

Nuages, merveilleux nuages!

Gris: couleur de pouvoir et de tranquillité. Et ce mouvement lent, gracieux, celui d'une migration qui prendrait son temps. D'une rêverie. Nuages, peuplez le ciel de votre vérité.

Il m'a toujours fasciné qu'au-dessus des nuages, ces derniers deviennent inutiles, ou passés, comme une chose dont on n'a plus à se soucier. C'est le privilège des montagnards, des alpinistes et de ceux qui peuvent voyager en avion que de connaître cet état nouveau d'un monde sans nuages. On regarde alors le ciel plus pur, plus unique, et on en vient presque à oublier qu'il y a quelque chose, en bas, notre vie ordinaire, tous ces gens qu'on connaît, les maisons, le fait qu'on soit humain, qu'on ait des parents, que des routes existent. Qu'on ait inventé les fils électriques. Tout ça disparaît, au-dessus des nuages, là où rien d'autre n'est permis qu'exister. Ce doit être une des raisons pour lesquelles les alpinistes continuent de grimper.

Autrefois, au pays des nuages, les hommes vivaient avant tout de la mer. Je ne crois pas qu'ils avaient le loisir de grimper les montagnes: à quoi bon? Ils cherchaient les cols pour rejoindre les vallées au-delà, ils aimaient les passages. Et les montagnes, ils en faisaient des dieux. Ou des personnages déifiés, comme les Soeurs jumelles. Alors, ils ne voyaient pas au-dessus des montagnes. Certains cependant vivaient peut-être assez haut pour devenir bergers de ces moutons blancs et gris. Je n'en suis pas certain: de quoi auraient-ils vécu? Il n'y avait pas d'élevage, par ici...

Au-delà des nuages, toute l'histoire humaine devient relative. Ce qu'elle est vraiment. Êtres, ordinateurs, chandelles, mots, vins, idées, et même poésie: que devient tout cela au rivage du grand bleu? L'humidité qui s'attarde sur un grain de sable.

Mais pourtant, dans ce fragment d'eau en devenir se trouve l'étincelle de la vie. Pas mal.