31.8.06

« Bois du vin ! Longtemps tu dormiras sous la glaise
Sans ami, sans compagnon, sans camarade, sans épouse !
Écoute la parole sincère de Khayam :
Bois du vin ! Sois un coquin ! Fais du bien ! »

Cher Khayam ! J’aime entendre ta parole goûteuse, répétitive comme le battement du coeur, enjouée. Tu me sembles parfois le G.O. de la poésie. Pas mal pour un esprit persan et médiéval ! J’ai perdu cependant la traduction qui m’avait fait te découvrir. Longtemps j’ai cherché à retrouver ce petit livre rouge qui contenait une préface amoureuse, et puis j’ai abandonné et me suis rabattu sur cette version dont le langage me paraît décevant. « Sois un coquin. Fais du bien. » Quel est le boîteux qui nous a donné ça? J’ai aussi un texte anglais, mais ça ne va pas plus. Enfin, je tente tout de même de te rejoindre malgré qu’il me faille en quelque sorte décoder ces mots qu’on m’offre.

« Cette chair, ce costume corporel, c’est rien !
Cette enceinte, cette voûte tentière des cieux, c’est rien !
Fais la fête ! Dans ce tintamarre de vie et de mort
Nous ne tenons que par un souffle, et ce souffle c’est rien. »

Ô fabricant de tentes, tu veux à la fois lever le pan de celle qui te cache le vrai monde et y passer la nuit au secret, à boire en jolie compagnie, dans la lumière hors du temps, bien à l’abri de la poussière. Je te comprends.

Tapis épais, belle compagne, et camarades du voyage sans nom, danseurs, acrobates, vins aux noms de poème et de terre, vins aux saveurs enivrantes, le grand champ de la nuit nous les découvre tous, et nous donne le temps, et nous rend innocents. Importants.

Ô la nuit de l’éveil !