28.8.06

Je regarde le temps se passer, numérique. Les chiffres changent au coin de l’écran. J’ai passé à travers quelques mois de photos en pressant la flèche gauche de mon clavier. Des anniversaires. Des endroits visités: villes, forêts, parcs, maisons des copains. Des tempêtes, des lilas. Un avion. Toutes ces petites choses qui font qu’hier n’est pas aujourd’hui. Et pourtant les sourires sont les mêmes aux visages des enfants. Certaine joue un peu moins ronde à présent, peut-être.

Les yeux me piquent mais ça, au moins, n’est pas l’effet de la nostalgie.

Le monde est vaste, et l’âme aussi. Et la tristesse, c’est quand tout ça est rétréci. Attention, donc. Que quand on ferme les yeux, ce soit pour rêver. Que quand on pose la tête dans les mains, ce soit pour imaginer. La pluie, ce n’est qu’une rosée qui n’en finit plus de se déposer. Et quand le soir devient frais, ce fantôme qui nous sort de la bouche à chaque fois qu’on respire, il vient pour nous apprendre qu’il suffit de changer quelque chose pour qu'un monde invisible nous soit soudainement accessible.

Il faut chercher la trace de sève qui attend dans les poteaux électriques, mais aimer aussi malgré tout leur substance craquée. Et grise du baiser des hivers.

Je regarde le temps passer mais je ne dois plus regarder les chiffres. Je dois apprendre à compter les fantômes et les gouttes de pluie, à trouver ce qui cloche et le laisser sonner, à regarder enfin s’il le faut mon regard. À trouver la mesure de mon temps.

1 Comments:

At 15:17, Anonymous Anonyme said...

Ça c'est beau!

 

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