29.8.06

Mardi. Le jour de Mars, dieu de la guerre. N’existe-t-il pas un dieu de la paix, d’après lequel on pourrait commencer à nommer un mois, un jour, ou tout au moins un moment? La paix. La coopération, l’entraide. Comment se fait-il que ce soient choses si difficiles?

Ah, oui, l’industrie de la guerre a l’avantage d’imposer le gaspillage parfait, la méthode ultime de faire rouler l’argent. Un missile de lancé: la valeur de plusieurs voitures qui part en fumée. Et il faut bien recommencer, en construire d’autres... Dans les grandes villes, des ingénieurs ingénieux s’affairent à concevoir des armes toujours plus salopes que celles qui sont venues avant. Et dans les petites villes, là où on ne crache pas sur une job, des usines cachées derrière des drapeaux fabriquent ces armes aux noms soit évocateurs, soit nébuleux. Plus tard et très loin, heureusement, des avions invisibles laisseront tomber leur cargo démoniaque («Je n’ai fait que suivre les ordres»), et des bombes de taille respectable, par exemple, se sépareront en dizaines de plus petites, conçues pour s’écarter les unes des autres et couvrir une large zone, descendre lentement sous leur petit parachute de plastique et exploser, tuer, quoi, déchiqueter (mais les militaires trouveront d’autres mots, des mots castrés, pour décrire tout cela, eux, les embourbeurs du langage comme il savent l’être de la pensée), faire entrer dans la chair de ceux qui ont le malheur d’être en bas la leçon numéro un que cherche à donner la guerre: tasse-toi de là que je m’y mette.

Et si, si au moins il ne s’agissait que de cette guerre qu’on s’imagine, enfant, quand on commence à entrevoir que cette chose existe et qu’on se renseigne sur elle à travers livres, images, etc. Il y aurait des bons, des méchants, ou au moins des convictions. De l’honneur? Mais non. Rien de tout cela ne justifie plus une guerre; rien d’autre que l’argent ne compte. L’argent n’a même pas besoin de dieu pour le représenter: il a le culot de se poser en déité.

Mais un dieu de paix... Les druides, peut-être, en avaient? Les amérindiens? Où vont donc les dieux oubliés? Sous quelles montagnes dorment-ils, que nous allions les sortir de leur torpeur? Il nous faut un nouveau héros, une nouvelle quête, il faut partir à la recherche de ce dieu endormi et trouver le moyen de le réveiller. Bien sûr, comme pour toutes les quêtes, la chose est impossible, impensable, même. Et pourtant, il faut essayer.