13.8.06

On se trouve devant une montagne, parfois, mais on n’ose pas grimper. Le chemin serait long, et même si la vue de là-haut sans doute serait merveilleuse, on a le sentiment que notre simple présence sur les flancs de l’immensité en déferait la pureté.

Et pourtant bien sûr la pureté n’est qu’une illusion...

Alors on reste en bas, et on apprend à se plaire dans la vue d’en-dessous. On fait son deuil du grand manteau d’air frais suspendu aux hauteurs, du sentier plein d’effort dont la longueur est un autre sommet, des odeurs de là-haut, de la fatigue qui est le vin que distille la montagne.

Pourquoi cette paresse, cette intimidation? Pourquoi choisir de voir un immense rocher capricieux, prêt à nous écraser, là où se trouve une échelle, un chemin? Un autre passera et se lancera entre les buissons qui épaulent un sentier, tandis qu’on restera là, attendant peut-être un guide, un «qui connaît».

Et si jamais il venait pour nous conduire par les chemins, ce serait pire, car nous serions déçu des noms d’arbres, de ruisseaux et d’oiseaux qu’il nous apprendrait, des noms qui diminueraient la montagne en la mesurant.

Vaudrait mieux alors se contenter des chemins qui arpentent les plaines.