3.12.05

Et je m'enveloppe à nouveau de noirceur.

La nuit de décembre est arrivée qui met fin aux choses. Qui éteint. Alors, dans le chapelet de villes qui s'agrippe à la côte, on allume, on combat. On refuse. Le temps que se montre à nouveau le jour gris et visqueux on attend.

Et pourtant la nuit d'ici est immense comme la mer, comme le creux des montagnes. Elle enveloppe, elle étreint, elle égare. Il faut la voir comme le filet de l'acrobate et y tomber les yeux clos. Ah, tomber dans les bras de la nuit humide d'ici... Ce serait rêver à jamais, ce serait devenir un vaisseau fantôme, ce serait voir les formes des êtres de la mer qui fendent l'eau sans frontière. Ce serait savoir que la nuit existe encore.

Dans les ruelles, les lampadaires portent des lumières jaunes comme de vieux cierges. Leur succession se veut une prière, celle de cent petites victoires contre une découpe de noirceur. Une victoire toute humaine, fragile, éteinte au premier vent. De petits flocons tombent, qui voudraient inventer la nuit blanche.

Pays de poudrerie liquéfiée, sache garder intacte ta nuit. Qu'elle retombe encore bien longtemps comme la poussière du jour, apportant la paix sans demander notre avis. Que son silence noir vienne taire nos babils.