24.11.05


Chronique de brume. Cinquième jour.

On aimerait se dissoudre dans l'air lourd et mouillé. Perdre sa substance, la prêter aux gouttes en suspension. Glisser lentement dans cent directions opposées, refléter un instant la lumière, traverser un rayon insistant. Devenir cette nuit liquéfiée.

Le jour a échoué. Il s'est réfugié dans les hauteurs, au-dessus de la vie des hommes. Il patiente.

Grands mouvements sans bruit, ombres passagères, sons étouffés des pas et des mains rentrées dans les poches. Froissements. Drapées d'attente, les figures des vivants glissent sur les chemins pavés, le visage baissé. Le temps fait des vagues, des vagues qui se brisent sur ceux qui voudraient avancer.

Marées humides, marées de souvenances et de fécondation.

On aimerait oublier, imploser, improbables marcheurs aux respirs translucides. De nos poumons aux parois suintantes sortent des souffles étonnés. De nos pupilles largement agrandies ne sort rien. Et le front porte l'eau et l'espoir de renaître.

Celui qui le peut allume une chandelle et s'invente une étoile.