25.11.05

Tout part du souffle. Sinon d'où? «Au commencement était l'inspiration.»

Je ne me souviens pas de mon premier souffle. Qui le pourrait? Pourtant, nous sommes faits pour nous rappeler ce qui entre dans les replis du corps. Les odeurs. Celle de la mer avant qu'on ait vu l'eau, mystère derrière l'iconostase des dunes. Celle de la dernière pluie avant l'été. Celle des régions du sud, chaude et sucrée. Celle du premier sexe de fille dans la bible de ses doigts. Cartographie des senteurs: je pourrais nommer des noms d'endroits, mais je préfère le silence puisque le souffle ne connaît pas de mots. Et puis à chacun ses sentiers, ses villages, ses souvenirs. À bas le dictionnaire de la pensée. Entrez, odeurs sans nom.

Il faudrait être aveugle. N'avoir un moment qu'un sens, comme il n'y a en réalité qu'un océan. Sombrer dans les odeurs, les yeux fermés, par en arrière, les bras écartés si tant est qu'on ait encore des bras ou qu'on s'en souvienne. Et puis, à un moment, une main prend la nôtre et nous rappelle que nous ne sommes pas seul.

L'invention du langage, c'est chercher à dire à l'autre l'odeur qui nous a soulevé.

1 Comments:

At 13:32, Anonymous Anonyme said...

Quelle belle chute!

Mais j'aimerais tout de même vous suivre, aveugle, n'ayant qu'un sens... Non pour entrer dans le dictionnaire, ni dans vos sentiers ou vos villages. Mais pour (res-)sentir l'odeur qui vous a soulevé.

 

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