4.12.05


Il y a d'autres voies, d'autres ports, des cités plus vieilles que le souvenir. Dans le matin tranquille on y gravit les ruelles en pente où le soleil ne pénètre jamais. Salutations, gestes d'habitude, pierres creusées par des vies de passages. Des petits temples aux portes ouvertes sortent murmures et prières, qui feront place aux odeurs quand le jour sera plein. Poissons, épices, coffres de bois sombre, vies de voyages ou d'attente: les quais voient tout passer. Mais ce sont des cités où l'on revient peu. Des cités de l'oubli. En rêve, un jour, certain peintre les verra et voudra évoquer leur souvenir. Des images naîtront alors, pleines de nostalgie et de vieux bâtiments aux murs lisses. Plus personne n'y sera vu marchant le long des murs, cherchant l'ombre du soir. Les odeurs s'en seront allées comme elles le font des flacons vides, des bois secs, des arbustes fanés. Mais de ces images montera la chaleur de l'espoir, tranquille, et presque le son du ballottement des flots contre l'ancienne jetée. Et pour ceux qui pourront regarder le tableau, une paix s'offrira, une ligne de partage au couleurs de coucher de soleil. Ce sera cet heureux pays du jour bien accompli, quand il n'y a plus rien à attendre que de tout recommencer.