9.3.06

Dernière heure. Les trains s'arrêtent, les étals à journaux se referment sur des présentoirs vides. Les pas s'éloignent les uns des autres comme des atomes explosés. Dans la gare bientôt vide, le vent magnanime est venu prendre la place des passants disparus. Il pousse gentiment une porte, parvient à l'entrouvrir. Dehors, c'est le silence, puisque plus personne n'est là pour entendre la rare voiture qui se presse vers la nuit. Le dernier barrage de police a été remballé et les policiers sont partis boire depuis longtemps. Tout se conjugue au secret. Les corps sales de deux amoureux échappés se rejoignent contre le parapet d'un boulevard, sous une bâche de plastique. Craquements bleus, regards nus, épaules froides. Les rats ne sont plus inquiétés. Les bourgeois tapotent leurs oreillers. Du rêve ou de la nuit, lequel est le plus vrai? Mouvements invisibles, accidents anonymes. Les portes de la dernière heure ne s'ouvrent plus pour personne. Et pourtant ils sont là ceux qui soufflent, ils sont là ceux qui souffrent et demandent à ne plus espérer. Des cocons de fortune les protègent de la lune qui regarde. Étendus ils possèdent leur souffle, c'est leur bien le plus cher, aussi le mettent-ils dans leurs mains à l'abri du sleeping. Mais à cette heure comme à toute autre, la vie passe entre les doigts.