2.3.06

La question, en effet, se pose.

À la faveur d'un inconvénient au travail, je remettais en question mon intérêt à me trouver là, maintenant. Le monde est grand, me disais-je. Et puis, il faudra bien un jour que le mette à exécution, ce projet de faire de l'écriture le temps important de mes journées. Mais, me suis-je aussitôt rappelé... le bacon! C'est le petit singe dans ma tête qui parlait, avec sa forme de raison bien à lui. L'argent! Comment faire, comment, faire?

Il faut être ouvert. Nous avons parlé longtemps ce soir des habitudes, des attentes, de ce que nous, occidentaux riches, croyons devoir être la norme. Le confort. Tout ça nous place dans un état (un étau) d'esprit rigide et pour tout dire souvent faux. Nous ne sommes pas nos études, nos jobs, nos parents, nos enfants, nos défaites, nos bons coups. Nous ne sommes pas nos maisons, nos autos, nos vélos, nos manteaux. Nous sommes tout simplement au bout du couloir du présent, dans lequel il suffit probablement de s'engager pour découvrir l'essentiel. Je dis ça parce que j'assume ne pas avoir réussi à le faire. Par ailleurs, l'image du couloir est mauvaise parce qu'elle implique l'idée d'un déplacement. Or, nous sommes déjà, où que nous nous trouvions, en possession de tout ce qu'il faut pour réussir. Nous possédons la fleur, il s'agit simplement de fermer les yeux et de la sentir. Les yeux, ces projecteurs, pour magnifiques qu'ils sont nous projettent en avant. Nous voulons être ici.

Une plume pour écrire (un ordi à la rigueur), une hache pour fendre le bois. Et les mains noircies au jardin de l'offrande. Il faut désapprendre tant de choses. Il faut croire, il faut savoir que les choses importantes sont gratuites, et toutes prêtes. Tout près. Les yeux fermés, les narines dilatées, je me penche un peu et je hume... C'est le parfum de quelque chose d'unique, sur quoi il est difficile de mettre des mots. C'est la senteur de ma propre existence.

3 Comments:

At 07:51, Anonymous Anonyme said...

Je voulais vous dire au sujet de votre texte d'hier que je ne me souviens pas d'avoir lu un texte plus juste sur le ski. Formidable. En lisant votre message aujourd'hui je me suis souvenu d'une réflexion que je me suis faite hier en cherchant un livre à la bibliothèque. Vanité! Le très grand nombre, des noms inconnus, des titres oubliés qui accumulent la poussière. Est-ce que nous entretenons l'idée très romantique qu'écrire (à temps plein ou pour publier des livres) donnera à notre vie une densité qu'elle n'aura pas en «allant gagner la vie» ?

 
At 11:54, Anonymous Anonyme said...

La question se pose. Et comme toutes les vraies questions, les réponses sont nombreuses et bien personnelles. J'ai crains que mon premier commentaire ci-haut ne dise pas grand chose. Je voulais pourtant vous exprimer amicalement ceci : à Huit et demi dans mon blog.

 
At 12:14, Blogger Christian said...

Oui, c'est vrai qu'un e des choses que je recherche est cette "consécration", ce "droit d'écrire sur ma carte d"affaires" le mot écrivain. Cequi se fait en publiant.
Mais aussi, je sens le besoin de me mesurer à l'écriture de façon plus complète. Combat? Amour? Tout cela, méditation aussi, et bien d'autres choses. La vie, quoi. Et pour ça, il faut prendre le temps. C'est ce que je ne suis pas encore arrivé à faire assez à mon goût.

 

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