19.7.06

Les contes de la voûte étoilée.

J'ai été dur autrefois avec le ciel montréalais. Je le traitais de pâle, laissant par là entendre qu'il n'était peut-être plus authentique parce que trop dilué dans la lumière. S'il est vrai qu'il est moins profond qu'ailleurs, il n'en demeure cependant pas moins que c'est le ciel de centaines de milliers de personnes, lesquelles se vouent à lui, l'admirent, le détestent, l'évitent, le consultent, etc. C'est le décor de toutes ces vies et les décors, on le sait, on le sent, se valent.

J'ai entendu aujourd'hui une belle chanson. C'est sur un disque que je traîne depuis un bout de temps dans mon Chevrolet Venture 98: The Long Black Veil, des Chieftains. C'est un disque de vedettestypique des années 90, chaque chanson étant interprétée par les valeureux Chiefs avec un invité de marque comme Sting ou Mick Jagger ou Mark Knopfler. Très bon, ceci dit. Et il y a là-dessus une chanson interprétée par une irlandaise magique: Sinead O'Connor. Je n'ai jamais bien compris ce qu'elle y raconte, dans cette chanson, sauf qu'aujourd'hui j'ai pu capter que le personnage de la chanson, qui doit mourir, dit vouloir mourir sous un ciel irlandais. J'ai trouvé ça beau, qu'on dise sous le ciel plutôt que sur la terre. Comme si notre vrai pays était là, sous les étoiles, dans cet espace immatériel, dans cette substance d'où nous tirons notre premier respir.

L'autre jour, un gaspésien me parlait de ce qui était pour lui l'essence de son pays, et c'était affaire d'odeur dans l'air et de neige tombée du ciel.

Dans une histoire de Tremblay, merveilleusement rendue pour la radio il y a environ quatre ans, il y avait cet épisode où une femme de Montréal va passer une fin de semaine à la campagne. La seule de sa vie, dirait-on. Et une fois sur place, une fois la nuit tombée, elle n'en peut pas de tant d'espace, de cette fenêtre sur l'infini, de toutes ces bornes disparues sur lesquelles elle se fiait quand elle était en ville. Elle était tombée dans le puits aux étoiles.

Et dans mon rêve d'hier, point d'étoiles, mais un autre puits: celui des souvenirs. Eux aussi planent au-dessus de mon existence, parfois brillants, parfois pâles, d'autres fois miroitants comme mirages. Eux aussi contribuent à construire mon décor.