16.8.06

Le fleuve porte toujours à regarder vers là où l’eau se perd. Les anciens savaient-ils qu’au bout, il y a la mer? Sinon, qu’est-ce que tout ça pouvait bien représenter pour eux? Ils devaient bien rencontrer de temps en temps, aux saisons des échanges, les Autres, ceux qui vivaient là-bas, là où l’eau n’a plus le même goût. Et ceux-là devaient bien raconter des histoires de leur pays: ces monstres qui venaient habiter les eaux en été, et sur les dos desquels on aurait pu courir, si l'on avait été assez agil et assez fou; la terre qui se perd, à un certain moment, quand on arrive au pays des eaux infinies...

Et ceux qui vivaient là où l’eau est bien définie par deux rives bien visibles devaient écouter, les yeux ronds, ces histoires d’un ailleurs pas si lointain mais où ils ne mettraient peut-être jamais les pieds. Et ils continuaient à regarder le grand fleuve dans le sens où il coule, le regard attiré par ce mouvement immense.