11.10.05


Évidemment, le banc était vide. Tu le sais, Édouard, t'as trop d'imagination, que je me suis dit. Ouais. Ça en prenait de l'imagination, pour croire qu'une fille qui donne rendez-vous ici à sept heures du matin y serait vraiment. Mais j'y ai cru. Et pourquoi pas? Moi, quand quelqu'un me dit quelque chose, je commence par y croire. Surtout pour des choses comme ça. Ensuite, si ça paraît bizarre, c'est sûr, je me pose des questions, mais... Je suis bien venu, moi, à sept heures! Et puis voilà: juste les outardes pour me tenir compagnie. En plus, j'ai dû piler dans les crottes qu'elles ont laissées partout sur le gazon pour me rendre jusqu'ici, en plus: des machins aussi gros que ceux que ma vieille Minoune laissait dans sa litière.

J'ai craqué, qu'est-ce que tu veux. Et pourtant mon premier réflexe avait été de me dire Édouard, c'est trop beau, ça fait pas 48 heures que t'es débarqué en ville que te v'là avec un rendez-vous galant. Mais j'ai craqué parce qu'elle faisait un effort pour parler français, pour me mettre à mon aise, et qu'elle avait un accent vraiment mignon. Elle avait étudié ça au secondaire, qu'elle disait. Va donc refuser un rendez-vous quand on te le demande avec cet accent-là. Moi j'ai pas su.

Tout ça s'est passé vite, aussi. Tiens, je vais m'asseoir, tant qu'à faire. Ce gars que j'ai rencontré, qui m'invite tout de suite chez lui. Ce party. Tout s'est passé très vite. J'ai mis ça sur le compte de la vie relax qu'ils disent qu'on mène par ici. Ça se peut. Mais ça change rien au fait que je me retrouve tout seul avec les outardes pis les bateaux, là-bas. C'est pas grave, Édouard, c'est pas grave. C'est peut-être juste une erreur de comprenure. La prochaine fois, va falloir se donner rendez-vous en anglais...