2.10.05


Ils s'étaient arrêtés un instant pour regarder les nuages. En plein milieu du trottoir, au beau milieu de leur promenade du samedi, le soleil s'était soudain fait éclatant et ils s'étaient arrêtés pour lever les yeux vers le ciel. Leurs bras semblaient longs et lourds, tendus par les sacs à provisions. Un homme qui joggait accompagné de son chien en laisse les frôla en passant. Il les avait regardés avec un grain de mépris, mais eux ne s'en étaient pas rendus compte.

-- Fantastique, ce gros coussin blanc, là-bas? On s'y jetterait. Moi je m'y jetterais, en tout cas. Quelle pureté.

-- Je préfère le gris. Je m'en servirais pour draper une des pièces à la maison. Ce serait la chambre grise. J'irais m'y réfugier quand j'aurais le goût d'une mauvaise humeur créative, ou quand les couleurs me tanneraient et que j'aurais besoin de quelque chose de simple et de riche. Tu as vu la richesse de ce gris?

Ils échangèrent un regard interrogateur, puis revinrent aux nuages. Les formes qu'ils avaient d'abord vues, dans lesquelles ils avaient peut-être commencé à imaginer des choses, avaient déjà changé. Le soleil fut de nouveau caché par un nuage. Ils reprirent leur chemin, les bras engourdis. Ils n'avaient plus très loin à faire.

-- Demain, ou pourrait peut-être aller à la plage? S'il fait beau, en tout cas. J'ai commencé un bon bouquin, je te jure, je crois que je pourrais m'étendre et lire pendant des heures...

-- Non, je dois absolument rentrer au bureau demain. Des trucs à finir.

-- Mais c'est samedi...

-- Je sais.

Ils étaient arrivés. Ils montèrent les marches et se rendirent à la cuisine pour ranger les provisions. Le sang coulait enfin plus librement dans leurs bras.

«...et des averses intermittentes qui dureront jusqu'en début de soirée. Le retour du beau temps ne se fera...»

Il éteignit la radio. Les derniers légumes étaient rangés. Il se rendit à la fenêtre et, en frictionnant son bras gauche, observa un long moment les nuages qui passaient sur la ville.