29.9.05


Écrire, c'est un combat. Contre l'inertie, contre la fatigue, contre le temps qui passe sans que rien soit raconté. Écrire: combat contre un monde sans histoire. La revue fondé par Sartre ne s'appelait-elle pas, justement, Combat? Dans ce cas, cependant, l'écriture est une arme, et non le combat lui-même. Mais!

Combat aussi contre la peur, en ce qui me concerne. Peur de n'écrire rien de bon. Ça ressemble à un plat qu'on prépare en craignant de le rater, mais en sachant qu'on le mangera quand même. La peur n'est pas une bonne chose.

Attention, chien méchant, peut-on comprendre entre la ligne de ce message -- «Dog in yard» -- trouvé sur une clôture dans une ville au pays des nuages. Attention à la peur, ou plutôt Attention: ayez peur, ça vaut mieux pour votre bien-être. Mon bien-être à moi me demande de passer au-delà de la peur, de la transcender, c'est-à-dire non pas de l'oublier, non, au contraire, mais de la porter comme une plume au chapeau, à l'arrière de la tête.

Car si la peur est le chien, la confiance est le vent, la fourmi ou bien l'aigle. L'objectif: ne plus savoir lire, en quelque sorte. Attention chien méchant: de jolies lignes noires sur un rectangle blanc. Peut-être même ne plus avoir d'yeux, passer, chuchoter, comme le vent exister, combattre l'inertie en avançant parce qu'il faut avancer, il le faut, pour quelque raison qu'on ne saisit pas nécessairement, qu'on devine à peine, on ne sait pas vraiment deviner mais seulement avancer, avancer jusqu'à se retrouver à l'autre bout, dans l'enclos de la mer des Sargasses où finissent tous les vents. Mais ça, c'est une autre histoire.

Un combat pacifique, un combat atlantique, un combat de tous les temps, de toutes les mers, un combat pour ne pas se taire. Pour ne plus se rendre compte que l'on passe à travers les clôtures.