1.10.05


Benoît a un an aujourd'hui.

Il est né juste à côté d'où je me trouve maintenant, dans ce qui est maintenant la chambre des filles et qui était la nôtre à l'époque. J'ai repensé à ça tout à l'heure: naissance à la maison. C'est quelque chose de bien. Naître dans l'intimité de sa famille, entouré de ceux qui seront pour la vie nos relatifs, comme diraient les anglais, ceux à qui on sera toujours relié, ceux qui formeront avec nous les premières relations, à partir desquelles on jugera toutes les autres. Pendant un bout de temps au moins.

Un an. Comme ça passe vite. J'ai souvenir pourtant, juste là, dedans moi, dans mon sang, des saisons de ma jeunesse, de ces hivers interminables, saisons assez longues pour qu'on oublie qu'il en existât d'autres. Blanc, blanc à la fenêtre à carreaux, les coudes appuyés sur le calorifère de fonte chaud et réconfortant. Une éternité à jouer ou lire sur le tapis du salon, dans l'atmosphère rendue humide par nos mitaines et nos tuques qui séchaient sur d'autres calorifères. Sans parler des années. Une année! Quand arrivaient les vacances scolaires, quelle nouveauté c'était! Le temps soudain ne se comptait plus, devenait une pâte élastique et floue qu'un jour on était ébahi de voir cuite et prête à manger, accomplie, à nouveau inscrite dans le décompte des événements. Mais avant ça, des jours et des jours de paresse, de découvertes, d'ennui, de lectures ou de jeux.

La jeunesse éloignée, les années s'envisagent facilement. Se comptent, même. En paquets. On prend du recul face à ce paysage qui pourtant demeure fait de moments, de journées, de maintenants.

Mais pour Benoît tout commence. Enfin je crois. Alors bon anniversaire, coco!