8.10.05


Les mains de l'homme avaient déjà établi leur territoire. Un instant, et son cou avait été conquis. Elle plantait ses doigts où elle le pouvait, elle griffait, elle tirait. Mais elle savait. O brutalité. O tristesse. C'est la tristesse de tout cela qui l'aurait le plus peinée, si elle avait pu s'arrêter pour y penser. Mais ces mains... Si fortes: pourquoi? Les autres en avaient parlé, pourtant. Un homme, il paraissait... Plusieurs femmes... Mais il fallait de l'argent. Tout le monde en voulait. De l'argent.

Quelques heures avant, un dernier café avec les filles. Deux pièces laissées sur le comptoir. Le reste était pour les veines. Plus maintenant. Où était-ce, déjà? Une odeur seulement lui revenait. Celle de ce breuvage. Sa mère, sa mère le faisait. Le matin. Chaud. Avant, il y a longtemps. Avant les mains, avant le café, avant la rue. Il y avait bien eu un avant. Non?

Elle ne griffait plus. Devant ses yeux ouverts, une lumière clignotait. Ovaltine Cafe.