24.1.06

Les soirées d'élection sont toujours décevante. À la télé, en tout cas. Après une heure à regarder les résultats défiler, tout est dit. Et il n'y a vraiment aucun intérêt à savoir qui a remporté la course dans Winterthur-Brockton ou quelque autre cieconscription ontarienne dont je ne connais rien. Les candidats du Bloc m'intéressaient, mais ici aussi, déception. Le nouvel élu dans Gatineau ne faisait qu'ânonner des platitudes en réponse à la journaliste qui lui demandait ce qu'il comptait accomplir en s'en allant à Ottawa. On aurait pu avantageusement le remplacer par une enregistreuse. Ça augure bien.

Même Gilles Duceppe était éminemment plate. L'éminence grise de la platitude. Seul sur son estrade proprette, il essayait de faire croire à une victoire (morale?) en s'enfargeant dans ses mots. Fatigué? Avec une bière de trop avant de passer en ondes? Zéro charisme, en tout cas. Lui aussi a pigé dans le plat à formules toutes faites pour nous les refiler comme si c'étaient des chips écrapouties. Et lui, qu'ira-t-il faire à Ottawa? «Défendre les intérêts des Québécoises et des Québécois»? À la dernière élection, il avait réussi à souffler une petite brise d'enthousiasme. Cette fois-ci, calme plat. Le genre qui fait espérer une tempête.

Finalement, c'est Paul Martin parlant en anglais qui a été le plus intéressant, c'est dire. Parce qu'il était honnête. Peut-être aussi parce qu'il annonçait qu'il laissait sa place. Faux étonnements de circonstance dans la salle. Entouré de ses députés élus sur la scène, il réussissait à créer une atmosphère d'événement malgré la défaite de son parti. Il parlait sans trop se fier à ses notes, apparemment par conviction (en anglais, en tout cas). Duceppe, sur son estrade bleue et froide, était seul avec ses cheveux blancs et son veston serré, tandis que dans la salle on essayait de s'enthousiasmer. Ce n'est pas ça, le Québec. Déception. Sans parler d'André Arthur.

Mais de tout ça il ne faut pas trop faire de cas. Je n'ai pas vu Layton ni Harper faire leurs discours. Je voulais venir écrire et, en rétrospective, je m'en veux de m'être laissé emporter sur cette pente politique. Difficile de penser à autre chose aujourd'hui, mais laissons cela, pourtant, et revenons aux choses importantes.

Comme le sommeil
comme les baisers
comme le vent qui pétrit les nuages
comme les pommes qui traversent l'hiver
comme la mer
si profonde et pourtant si fragile
comme le temps
qui était là avant nous
qui sera là bien après
comme l'éveil
comme le partage de nos journées
de ces cadeaux
infiniment redéballés
comme ce souffle qui nous lie
malgré la nuit