1.2.06

Un message en spirale, en épingle, en étoile, une bouteille à la mer des idées oubliées, un avion de papier ramassé puis lancé à travers la ruelle jusqu'au fleuve en voyage, un soupir transformé en sourire pour éclater l'ennui, pour retourner la nuit comme un gant comme une lettre anonyme qui n'a pas terminé son parcours et qui doit repartir sur les chemins du temps, d'aujourd'hui, de ma vie, de ton cri, s'il le faut, faut crier fort et haut, ça dégage, ça massage, ça fait passer le message qui poursuit son destin comme la queue le chien, qu'il ne faut surtout pas arrêter, qu'il faudrait encore encourager pour que tourne le monde aussi bien que le pain, que la pâte pétrie dans les mains de la mère d'Anne Hébert, pour que rien ne puisse devenir un travers, une barrière, un retour en arrière, ce qu'il faut c'est aller de l'avant tout en prenant son temps, c'est aller de tout temps, c'est porter son bagage au prochain terminus, à l'arrêt de la mort, et encore continuer au-delà, commencer à nouveau le circuit comme un vieil autobus roulant sur l'habitude, comme des yeux qui s'ouvrent à six heures et demie, comme les corps qui volent et dansent dans la nuit, comme moi qui vous parle, vous invente et vous dis, vous oublie, ça arrive, comme on dit, dans les meilleures familles, et ça rit, bien qu'au fond ça soit triste parfois mais faut bien continuer, faut surtout avancer, et des fois ça veut dire oublier, et parler, et parler, pour effacer l'horreur, la paresse ou l'ennui, ou pour faire comme si, comme si on avait vraiment des choses à dire, et peut-être un message en spirale, en épingle, en étoile, un tout petit mot doux qu'il faudrait dire à l'encre et coucher sur papier, puis lancer dans le vent, puis le voir s'envoler, fermer un peu les yeux et enfin

s'en aller.