5.2.06

On est tenté de dire: aujourd'hui, ce n'est rien. Rien qu'errandes, que déplacements. À gauche pour aller faire un lavage, à droite pour aller reconduire les filles au cours de danse. À gauche encore pour aller acheter de la bière. À chaque sortie, courir sous la pluie agressive. Courir pour rentrer au plus vite. On est tenté de dire qu'il ne s'est rien passé. Mais il faut faire comme avec la photo: il faut s'approcher d'un arbre, d'une chose, et s'arrêter, puis observer jusqu'à ce qu'on trouve quelque chose de nouveau ou d'ancien, peu importe, quelque chose de toujours là mais jamais remarqué. Jusqu'à ce que le regard change.

Ce mal de cou, ce lavage de vitres, cette respiration étouffée, ce ménage du salon, ce persil coupé... Chaque jour n'est-il pas par nature rempli de choses remarquables? Dans la grisaille ambiante de la ville qui nous entre jusque dans les poumons, qui menace de nous ronger le moral aussi, le vert du persil était la couleur qui sauve le tableau. Une couleur si riche, si intense... Dommage qu'elle ait dû venir de la Californie ou du Mexique à grands frais d'essence et de pollution. Que faisaient-ils donc, avant?

Un sac de couchage à faire laver, des livres à ranger. La table tournante était ensevelie sous deux piles de livres et disques mélangés. J'ai dégagé. Ça m'a permis d'ouvrir la porte à ces vieux vinyles si fidèles. Comme je ris en moi-même, chaque fois que quelqu'un sous-entend que c'est passé, tout ça, en s'étonnant que je m'encombre encore de ces quelques dizaines de galettes encartonnées. Quel trésor, au contraire. J'ai mis Sargasso Sea de Towner et Abercrombie, et Making Music de Zakir Hussain avec John McLaughlin. C'était un mélange de ce réconfort qu'apporte la musique écoutée jusqu'à la corde avec les pointes d'étonnement qui viennent quand on redécouvre quelque chose après longtemps, fort longtemps.

À présent les choses gisent dans le silence. Un silence que seule une pointe de toux de Jeanne vient briser de temps en temps. La pauvre chérie fait de la fièvre; j'entends sa respiration malaisée. J'espère que la nuit lui fera du bien. Quand ainsi les enfants sont malades, on s'affaire à s'occuper d'eux, à leur donner des sirops, à prendre leur température. Et quand la poussière redescend, quand le mouvement du jour a fait place à la méditation de la nuit, on a une pensée pour les enfants qui sont vraiment malaldes, et pour leurs parents. Alors, vraiment, on se demande comment ils font, et on voudrait les épauler de tout coeur rien que de savoir que de telles épreuves sont possibles. Mais on ne peut pas grand chose, en réalité, que veiller sur ces fièvres et ces toux, en espérant que revienne la santé.

Et dire qu'on était tenté de penser que ce jour ne valait rien de bon...

1 Comments:

At 15:21, Anonymous Anonyme said...

aujourd'hui, ai revu toutes les photos de septembre à tout dernièrement de façon à me replonger dans la fraîcheur eet la beauté des enfants et des paysages. de l'art de la pointe des pieds à celle des cheveux. beaucoup de lumière.

 

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