12.9.05


Le vélo est l'avenir de l'homme. Plus que la bagnole, en tout cas. (Bagnole. J'aime ce mot copain qui enlève tout esprit techno et performant aux voitures trop présentes dans nos vies. Vous saviez ça, vous, que le Vancouver Sun, édition du vendredi, comporte toujours non pas un seul mais deux cahiers entiers consacrés à l'automobile? Du sous-journalisme, des publi-reportages déguisés réalisés aux frais de ces immenses compagnies de moteurs. De la prostitution, et bien payée à part ça. Dans ces pages comme dans les semblables qu'on retrouve dans tous les journaux nord-américains, on ne parle pas de bagnoles mais bien de chars... Mais le vélo, vraiment, est l'avenir de l'homme.)

Nous étions à vélo aujourd'hui. Évidemment, comble du paradoxe, nous nous sommes rendus en voiture à l'endroit où nous voulions faire du vélo. Nous ne sommes pas encore sevrés, loin de là. Petite balade sur terrain plat, en partie le long de la Pitt River, large, au cours doucereux. Dix-sept kilomètres, puisque nous comptons tout maintenant: les enfants l'ont trouvée un peu longue. Ils ont bien fait malgré tout; ils étaient fatigués en rentrant et dorment déjà tous, ce qui est pas mal.

C'était beau. Chaque jour qui passe maintenant sent un peu plus l'automne qui approche, ou alors le sent d'une manière différente. Tout à l'heure, c'étaient les feuilles qui craquaient sous nos roues, la lumière angulaire du soleil pourtant encore bien chaud, un petit je-ne-sais-quoi dans l'air affairé des gens que nous croisions. Quelques heures de campagne pour les citadins. Ça sentait bon. Des chèvres paissaient (si on peut dire que les chèvres paissent) sur le terrain de la ferme Minnekhada. Un bouc brun broutait tranquillement avec sur la tête des cornes pas possibles qui lui grattaient pratiquement le dos. Sur un petit chemin, les arbres venaient faire une voûte par-dessus nos têtes de leurs feuillages vert-jaune. Merci, les arbres.

De retour au stationnement d'un parc de Port Coquitlam, nous avons repris la voiture et fait comme tant d'autres le trajet vers la maison. Sur la route vers Vancouver, à un moment, il y a dix voies de large. Ça, je ne sais pas ce que c'est, mais ce n'est pas l'avenir de l'homme.