1.11.05

Le mouroir aux alouettes.

C'est un endroit étrange au plancher de béton. Par constellations, des ensembles de graines qui ne seront jamais picorées. Ici et là, un oiseau sautille en titubant, sachant la fin imminente, ne prenant plus la peine de rien, de rien sauf d'avancer quelques pas de plus. Et pourtant il fait beau dans l'aube et la rosée. Il fait clair. C'est le moment où l'esprit ne peut être que net, espérant. Malheureusement, les alouettes n'en ont pas beaucoup, d'esprit. Alors elles titubent, ne voulant qu'une chose: se tenir à l'écart des espaces gazonnés. Sur le béton au moins, elles ne tomberont pas, continueront d'avancer. Elles sont plusieurs mais c'est chacune pour soi. Comment sont-elles arrivées là au juste? Aucune ne semble s'en souvenir. Mais qu'importe. Il faut agir une dernière fois, et tituber, c'est déjà beaucoup. C'est chaud.

Ceux qui ont l'occasion d'observer cet endroit sont attendris mais ne peuvent rien. On ne dé-nomme pas si facilement un mouroir. Sorte de zoo bizarre où l'on essaie de mettre en cage la... Barreaux? Inutiles. C'est précisément ce qui fait qu'on s'attendrit. Prisonnières d'elles-mêmes, les alouettes gambadent du mieux qu'elles peuvent leur danse dernière. Voler, c'est déjà oublié. Abandonnées par le vent, que voulez-vous qu'elles inventent encore?

Je te plumerai, chante un enfant mal commode. Mais il ne parvient pas à sourire. Et les alouettes, les ailes bien repliées, tentent de conserver le peu de chaleur qui leur reste.