24.10.05

Neuf heures trente-trois. Une portière claque. Un rire faussement fou accompagne le départ de l'automobile. Dehors, invisibles, des gens parlent, rigolent, s'inventent une liberté. Remontent le trottoir jusqu'à ce que, l'un du groupe arrivé chez lui, la belle histoire prenne fin, pour ce soir en tout cas. Dans son lit, l'enfant se retourne, fait grincer la barrière de métal qu'une vis trop petite retient mal. L'enfant a de la difficulté à s'endormir. À quoi pense-t-il? Aux sons de la nuit, aux bruits des voitures qui emportent des inconnus vers... Mais les inconnus le sont tellement qu'il est même difficile d'imaginer où ils pourraient bien aller. L'enfant était sur le ventre, il se place sur le dos. Le lit grince. Il n'arrive pas à garder les yeux fermés. Demain soudain paraît une chose effrayante. Un autre jour à faire ce qui est dit, à tenter de bien agir, de bien répondre. Un autre jour à placer sur la pile de tous ceux qui déjà sont passés. L'enfant est déchiré. Chaque nuit lui paraît encore neuve, comme la toute première, parce qu'il n'a pu en percer le secret. Il ne se doute pas qu'il puisse y avoir un secret à percer dans la nuit. Mais le jour... déjà si prévisible. Neuf heures quarante-neuf. L'enfant a fermé les yeux. Des sifflements, dehors, ne le réveillent pas. Il s'est endormi, à bout de fatigue, comme un grimpeur qui n'arrive plus à se retenir au rocher. Il s'est endormi mais dans sa main, un morceau du rocher est tombé avec lui.