12.2.06

Aujourd'hui je rêve aux rêves perdus
comme des clés échappées
entre les barreaux de la bouche d'égoût
à genoux, vite, à genoux
mais le corps est trop lent pour les rêves
en bas, le flot
l'emportement
la rivière sans retour

Les mots changent de saveur avec l'âge
ce qu'aujourd'hui j'appelle rêve
autrefois n'aurait peut-être pas eu besoin
d'être nommé
autrefois aurait été une évidence
ou une peur

Mais les mots s'accumulent avec le temps
et construisent des merveilles
des murailles
c'est pourquoi le silence importe tant
aussi

Un rêve de perdu, dix
d'imaginés
ils sont comme les pluies de l'été
sauf qu'on leur donne des noms
et certains ont leur place dans l'histoire
de cela qui est nous

Mots que tout ça, même
maintenant est un mot
le plus important peut-être
le plus élégant
le plus élément
aire
l'espace qui compte la vraie géographie
faite de la chaleur des cartes brûlées
des regards qui se rencontrent
des regards qui soi rencontrent
des sourires ces dictionnaires de la parole inutile
ces croissants d'étoiles
ces rêves
en polaroïd