9.2.06

Un grand vent s'est levé sur Vancouver. Nuages chassés. Cieux nettoyés. Ce soir, dans le grand lac noir et pur, Orion se tenait droit, solide et franc sous la lune. Il aurait pu être en plein yoga. Virabhadrasana, le Guerrier.

Le vent venait de l'ouest. Ni chaud, ni froid. Puissant. Un vent de loin, de ce monde encore mystérieux des océans, où de petites îles comme des constellations tentent de se tenir ensemble. Des îles habitées: comment? O mystère des arrivées, que l'on tend à délaisser comme de vieux vêtements une fois qu'on est établi. Des vêtements passés de mode, qui nous font un peu honte.

La Pacifique est immense. Mais le ciel qui flotte sur le Pacifique l'est plus encore. Le grand ballet des courants les unit, partenaires d'une représentation infinie... à moins que... Réussirons-nous à tuer le mouvement même de ces grands océans d'air et d'eau? C'est une possibilité. Attention: de ce mouvement, nous ne pouvons nous passer, pas plus que de celui de l'air qui entre en nous si doucement, si facilement que nous n'y pensons jamais, ou si peu. Attention. Attention à laisser les choses libres, à leur laisser le goût et le loisir de bouger.

Puissent d'autres vents se lever et se faire entendre encore longtemps, longtemps.