13.2.06


J'ai eu connaissance, ces derniers jours, de prévisions plutôt terrifiantes sur l'avenir de l'humanité. Réchauffement de l'air et des mers, ralentissement des courants marins, changements météorologiques, écosystèmes culbutés... Évidemment, ce pourrait n'être que vers 2050. Mais ça pourrait aussi être avant. Et malgré que beaucoup d'hommes et de femmes travaillent à ouvrir les esprits et faire changer le mode de vie, on reste avec l'impression que, en gros, c'est business as usual.

Ici, à Vancouver, on va fort probablement contruire un deuxième pont sur l'une des artères autoroutières qui mène en ville. Juste à côté du pont existant. Bien sûr, ils disent que si on ne le fait pas, la congestion, déjà emmerdante, sera intenable dans dix ans, et que la ville perdra son avantage concurrentiel côté transport de marchandises. Bon. Mais le problème, c'est qu'il faut fort probablement repenser toute l'origine du problème auquel on répond en construisant un pont de plus, et qu'il semble qu'on ne soit pas prêts à le faire.

Il ne s'agit plus de choisir entre les sacs de papier ou de plastique. Entre le Hummer et la Prius. Il faut repenser les choses en profondeur. Et je ne suis pas certain, en fait, que ce soit faisable rien qu'en évoquant des scénarios d'avenir, soient-ils réalistes et inquiétants. Je pense que pour faire bouger le monde, il faudra un craquement dans l'étoffe de notre vie habituelle. Et ça risque de craquer fort.

Ce qui est étrange, c'est que si on se retrouve en campagne, ou même en ville, dans un joli quartier où il n'y a pas trop de voitures, où la vie semble agréable (les étals des fruiteries sont pleins de couleurs, des paniers de fleurs pendent aux auvents, les gens discutent et sourient comme en réponse au soleil qui brille), on se dit, mais tout va bien, la vie prend bien soin de nous, que peut-il arriver?

D'autres fois, on est témoin de l'embouteillage monstre qui habille l'autoroute, on en fait peut-être même partie, et arrêté quelques minutes on se dit t'imagines, c'est comme ça dans toutes les villes d'importance de l'Amérique du Nord, et ça s'étire ensuite sur des kilomètres et des heures même quand l'embouteillage est vaincu. Des fois, dans un moment comme celui-là, on se demande comment on a pu en arriver là, comment ça pourrait continuer.

Ça ne peut pas.

On est allés acheter des bobettes pour les enfants aujourd'hui. Pour dix dollars, t'en avais soit une faite au Canada, soit trois faites en Chine ou au Bengladesh. J'ai pris la canadienne parce que les autres n'étaient pas du modèle que je cherchais et étaient bariolées de Sponge Bob et autres personnages télévisés dont on voudrait nous gaver jusqu'à ce qu'ils nous sortent par le foie ou, préférablement, par le portefeuille. J'étais content qu'il en soit ainsi. sauf que ça m'a coûté dix piasses. Pour une bobette. Et j'ai quatre enfants à habiller. On a aussi acheté des bas qui, eux, avaient été fabriqués en Chine, et là tu peux être sûr qu'on en a eu pour notre argent. En apparence du moins.

Je ne sais pas. Ça me contrarie, moi, qu'un pays ne soit même plus en mesure de fabriquer ses propres articles nécessaires: vêtements, souliers, gogosses de la vie de tous les jours. Et ne parlons même pas d'ordinateurs ou de bricoles techno. Ici, je vois de plus en plus de bouffe en provenance de la Chine. Faut relativiser, quand même, parce que si cette même bouffe provenait de l'Italie, j'en penserais peut-être du bien! Mais c'est l'effet de masse, l'effet de dompage. L'effet cheap, aussi.

Il faut, je pense, revenir plus près des racines. Mais d'aucuns semblent dire que ça ne fait déjà plus de différence. Que, en trois mots, nous sommes foutus. Ce serait triste. Quand j'y pense par rapport à moi, je me dis bon, ce serait plate, mais le passage doit bien se terminer quelque part. Sauf que quand il y a des enfants en jeu, on pense différemment. On porte la responsabilité de leur présence ici. En partie, en tout cas. Alors on ne veut pas de tragédie, hein?

Allez, il pleut, une belle pluie qui lavera peut-être mes idées noires. Et demain, au boulot à vélo. Je fais ce que je peux.

1 Comments:

At 17:37, Anonymous Anonyme said...

C'est vrai qu'on a les «idées noires» quand on pense au monde dans lequel nos enfants auront à vivre. Heureusement qu'il y a la pluie, les nuages, l'océan (la mer, la mer toujours recommencée...), et le parcours quotidien du lever jusqu'au sommeil.

Bonne journée à toi, aux tiens. Encore celle-ci, et bien d'autres. Beaucoup, beaucoup d'autres.

 

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